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Association & Editions Le GANT et la PLUME - Promotion Boxe, Ecriture Culture - Vie Associative - Défense et Justice pour tous
29 août 2015

Sugar Ray Robinson

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Né à Detroit en mai 1921 sous le patronyme de Walker Smith Jr, le jeune adolescent fréquente très tôt la salle du Crascent Atlhetic club d’Harlem où sa famille a migré. A 15 ans, à cause du refus maternel de le voir combattre, il livre son premier assaut amateur en mouche sous le nom de «Ray Robinson» grâce à une licence que son manager, George Gainford, utilise alors que son titulaire vient d’abandonner les rings. Interrogé par le reporter, Jack Case, tout émerveillé par le gamin en action, Gainford ajoute un surnom: «He’s sweet... as Sugar !» (il est bon comme du sucre !). Auréolé d’un titre aux Golden Gloves chez les plumes, le styliste noir que certains créditent d’un parcours amateur sans faille (85 victoires, 69 par KO dont 40 dans le 1er round; alors que certains pensent qu’il a connu deux revers face à Billy Graham), effectue ses débuts professionnels au Madison Square Garden de New York en octobre 1940 dans la même affiche que le choc mondial des welters entre Henry Armstrong et Fritzie Zivic.
Dès septembre 1941, Ray Robinson progresse si rapidement qu’il est déjà classé parmi les plus sérieux prétendants à ce titre. Elu boxeur de l’année 1942, il enchaîne 32 nouvelles victoires (22 avant la limite) notamment sur deux ex-champions: Zivic et Angott ou sur l’espoir Marty Servo.

Pourtant lors de son 41e combat, Ray connaît sa première désillusion. Le 5 février 1943, lors de la revanche qu’il accorde au «Taureau du Bronx», Jake La Motta, qu’il avait dominé 3 mois auparavant, il est mis à terre (pour la deuxième fois de sa carrière) et concède une défaite aux points en 10 rounds. Nul autre sport que la boxe n’est aussi impitoyable dans les conséquences d’une défaite. Robinson le sait. Alors, il retrouve son vainqueur seulement

21 jours plus tard pour une belle primordiale qu'il remporte aux points.
En août suivant, Ray se voit offrir son idole de jeunesse, l’immense Henry Armstrong qu’il se refuse de mette KO. Le "vieux roi" analysera: «jamais je n’aurai pu battre ce type, même au temps de ma splendeur !» Rien ne peut plus arrêter Sugar qui tromphe encore en 1945 de La Motta à deux reprises lors de leurs 4e et 5e duels.

Il paraît inconcevable qu’un tel boxeur n’ait pas eût encore de chance mondiale. A 25 ans, après six années et près de 80 combats pour une seule défaite, Robinson doit pourtant patienter. Le champion Marty Servo lui fait payer en réalité sa résistance à toute compromission avec le système mafieux et tous ses marionnettistes qui tirent les ficelles du titre: Parlermo ou Carbo bien sûr, mais aussi Mike Jacobs et Jim Morris, les patrons du Madison qui désirent tant un contrat d’exclusivité sur ses prochains défenses.

Persuadé que son talent sera plus fort que les combines, et alors que Servo annonce son retrait, Robinson frôle pourtant la catastrophe en novembre 1946. Face à Artie Levine, il subit un terrible knock-down sur un puissant crochet gauche dans le 4e round. Sugar Ray se revèle on ne sait comment... Et tel un champion, son punch le sauvera dans l’ultime round. Heureusement, sa sortie suivante scelle enfin son sacre ! Au Madison, devant plus de 15 000 personnes, il domine Tommy Bell pour le titre vacant des welters au terme d’un combat serré durant lequel les deux hommes testent le tapis (dans le 2e round pour Robinson, aux 11e et 12e pour Bell). Sa première défense en juin 1947 est tragique. Son challenger, Jimmy Doyle, ne reprend pas à l’appel du 9e et décéde des suites des blessures dans la nuit. Face à la commission qui l’interroge «Avez-vous désiré mettre Monsieur Doyle en difficulté ?», avec bon sens et tristesse, Ray répond: «Mais Messieurs, c’est mon boulot de mettre mes adversaires en difficulté...» Il livre alors une série de combats au profit de la famille de sa victime.

Après trois brillantes défenses face à l’espoir Chuck Taylor, au rugueux Bernard Docusen et au cubain Kid Galivan, Robinson décide de se tester dans la catégorie reine des poids moyens. Il remporte un éliminatoire devant Steve Belloise (KO 7e) pour le titre détenu par Jake La Motta qui vient de détrôner le français Marcel Cerdan. 
Si Robinson défend une dernière fois son titre des welters en août 1950 face à Charley Fusari, il pense déjà à défier son rival. Pour s'y préparer, il maîtrise Jean Walzack et Robert Villemain qui l’expédie pourtant au sol au 13e round, puis l’excellent Carl Bobo Olson. Ensuite, c’est au tour de Jean Stock dans un Palais des sports plein comme un œuf de subir sa loi en deux reprises. Ray l’incomparable conquiert le «tout Paris» par son génie, sa classe, sa plastique et sa gentillesse. Mais c’est à Chicago, le 14 février 1951 qu’il retrouve pour leur 6e et ultime opposition, le vainqueur de Cerdan. Un choc de style par excellence entre un champion, petit, râblé, épaules puissantes ne connaît comme seule tactique que la bagarre et cet élégant challenger élancé, doté d’une idéale envergure (1,84 m pour 1,80 m de taille) qui virevolte et touche sans arrêt. Le courage de La Motta, qui a assuré à son opposant «tu ne m’enverras jamais au tapis», comme la boxe de Ray Robinson, semble irréel. A la 13e reprise, ivre de coups et défiguré, La Motta est arrêté par l’arbitre dans ce «massacre de la Saint-Valentin». Sugar Ray est le nouveau roi des moyens.

Si tout réussit entre les cordes pour le merveilleux champion, il n’aime pourtant pas son sport. L’américain au caractère flamboyant est attiré par les planches. Celles des cabarets parisiens où il rêve de monter une revue avec son épouse. Excellent danseur, Ray pense arrêter la boxe pour vivre de sa passion dans la capitale française. Mais la réalité économique (son train de vie extravagant)l’oblige régulièrement à livrer de nombreux combats sans titre dans toute l’Europe. Il donne la leçon à Kid Marcel en 5 rounds à Paris, à Walzack en 6 à Liège, puis à Cyril Delannoit en 3 à Turin.

En juillet 1951, pour 30 000 livres, il accepte d’affronter Randy Turpin à Londres. Une simple formalité pour le divin champion, neuf jours seulement après son succès sur Delannoit... Grossière erreur, car le style malaisé de son challenger le perturbe. Sans cesse en corps à

corps, les puissants gauches du Britannique le sanctionnent. Blessé, aveuglé par le sang, Robinson concède son deuxième échec en 132 combats et lâche sa couronne au terme des 15 rounds.
Deux mois plus tard, au Polo Grounds de New York qui enregistre un record d’affluence et de recettes pour un championnat hors poids lourds (61 000 personnes pour 767 000 dollars), l’Américain récupère son bien avant la limite. Un KO dans le 10e round sous forme de punition: 31 coups en 35 secondes ! Un mois plus tard, il assiste au dramatique KO de son vieil ami, Joe Louis, face à Rocky Marciano. Ray se promet alors de ne jamais s’offrir à un tel spectacle. Après deux défenses contre Bobo Olson et Rocky Grazianno, Robinson songe plus que jamais à se reconvertir. Pourtant, en juin 1952, un nouveau défi se présente à lui: conquérir une troisième ceinture et affronter Joey Maxin, le champion des mi-Lourds. Déshydraté et exténué, sous l’effet de l’excessive chaleur (plus de 42 °) qui pousse même l’arbitre, Ruby Goldstein, pris de malaîse, à être remplacé au 10e round par Ray Miller, Robinson abandonne à l’appel du 14e alors qu’il mène nettement au pointage des juges. Ce est l’unique fois que Ray abdiquera avant la limite.
En décembre 1952, "Sugar" se retire. Il devient danseur de claquettes à 90 000 dollars par mois avec l’orchestre de Count Basie. Malheureusement, son génie pugilistique ne s’accompagne pas avec celui de la gestion. Et même s’il fut un malin négociateur (ayant touché prés de 4 millions de dollars en bourse), trois années plus tard pour des motifs financiers, Ray entreprend un come-back à l’âge de 34 ans. Parjurant sa propre parole au soir du nauffrage de Louis, forcé de combattre telle une sanction à sa vie privée insouciante (parsemenée d'oublis fiscaux ou d'importantes pensions alimentaires et de mauvais investissements), Ray reconquit le titre des moyens en décembre 1955 devant Carl Bobo Olson, sans Gainford qui n'accepte pas de cautionner son entreprise de retour. Ses pleurs à la descente du ring au soir de ce nouveau sacre restent sans doute l'un des moments les plus émouvant des rings.
En janvier 1957, grippé, il est défait aux points par le mormon Gene Fullmer. Mais Ray récupère encore son bien quatre mois plus tard sur un fulgurant crochet gauche au 5e round ! Un «coup parfait» considéré comme le plus beau KO de l'histoire !
A 36 ans, Jim Norris lui propose le choc qui passionne l’Amérique face au champion des welters: le furieux guerrier Carmen Basilio. Au terme d’un affrontement inouï (élu combat de l’année 1957) sur décision partagée, Ray cède à nouveau sa couronne. Mais lors du re-match tout aussi féroce (égalment combat de l’année en 1958) qui pulvérise les records de recettes en «closed-circuit» (1,4 millions de dollars), «Sugar» renverse le pointage et réussit l’exploit de reconquérir une 5e fois le titre mondial des moyens.
Un bien qu’il lâche définitivement à Boston en janvier 1960 à Paul Pender sur une décision litigieuse. Battu lors de la revanche sur une autre décision discutable, Ray entame la longue liste de ses combats de trop: devant Fullmer en mars 1961, puis Giardello en juin 1963... Afin de résorber ses dettes fiscales, il boxe à travers l’Europe et les Etats-Unis, réduit tel son ombre à combattre parfois des espoirs ou des «seconds couteaux» pour moins de 700 dollars.
Après 25 années de carrière, dominé aux points par Joey Archer, Robinson tire sa révérence en novembre 1965. Un mois plus tard, le Madison organise une cérémonie au «plus grand boxeur».
Ray tourne quelques films, puis ouvre un night-club à Harlem, avant que le fisc lui saisisse, et créé une fondation afin d’aider les jeunes déshérités.

Malgré ses «années de trop», son palmarès reste légendaire: 175 victoires en 202 combats, 6 nuls, 2 sans décisions et seulement 19 défaites (la plupart consenties lors des 5 dernières années). Ray Robinson a été le souverain incontesté des welters de 1946 à 1951 puis des moyens entre 1951 et 1960. Beaucoup d’experts pensent qu’il était au sommet de son art chez les welters.
Idéalement proportionné, "Sugar

Robinson" combinait puissance, vitesse et précision. Styliste d’une pureté rarement égalé, il pouvait se transformer en redoutable frappeur. Jack Newfields analysera: "Tout ce qu’on rêve d’avoir entres les cordes, Ray Robinson le détenait. L'aisance et le délié du jeu de jambes, la fluidité et la pureté des jabs, l’élégance dans ses déplacements, la foudre, la qualité des esquives et la science des feintes, la vitesse d’exécution, la précision et le geste juste au moment crucial. Tout un rêve !"
Défensivement, Ray utilisait tout le ring grâce à une fabuleuse mobilité et une habilité à bloquer ou éviter les coups qui aurait sans doute rendu jaloux l’immense Jack Johnson.
Jamais réellement battu avant la distance, ses quelques voyages au tapis (10) prouvent qu’il possédait aussi un grande capacité de récupération.
Souvent considéré comme le plus «parfait» combattant de l’histoire, sa boxe dépassait les notions de beauté et de magie. Même Muhammad Ali (qui était venu avant son tournoi olympique de Rome le supplier de devenir son manager et qui occasionnellement en mars 1965 lui servit de soigneur !) avoua: «Robinson a été l’unique boxeur meilleur que moi dans l’histoire. A une époque où ses adversaires potentiels étaient des vrais durs, Ray transforma ce sport brutal en véritable art».
A travers les rings, Ray réussit à atteindre une partie de son rêve. Comme Charles Michaelis lui résuma un jour afin de le persuader de boxer à Paris: «Ray, tu n’es pas un simple combattant. Tel un grand musicien ou danseur, le public français te reconnaît en artiste».

Décédé à Los Angeles en avril 1989 des suites de la maladie d’Alzheimer, les vibrants hommages lors de ses funérailles de Mike Tyson («Ray était la classe, le style et la dignité»), Ray Leonard («certains m’identifient à lui. Croyez moi, il n’y a aucune comparaison possible. Robinson était et sera toujours le plus grand») ou du Révérend Jackson («il n’y aura jamais assez de superlatifs pour rendre justice à cet homme») illustrent sa reconnaissance universelle.
Sébastien Boniface
http://www.lenobleart.com/rep1/page04.php?id=36

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