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Association & Editions Le GANT et la PLUME - Promotion Boxe, Ecriture Culture - Vie Associative - Défense et Justice pour tous
1 septembre 2015

Une vie marquée par le racisme :

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Une vie marquée par le racisme :

 

Une force de boeuf, 71 combats 68 victoire dont 54 par KO. Une droite dévastatrice, une puissance naturelle colossale. Un guerrier, intronisé au hall des légendes de la boxe dès sa création en 1990 . Un boxeur qui défendit 25 fois consécutivement son titre de champion du monde avec succès (dont 23 victoires par KO) soit une hégémonie de 12 ans en tant que champion du monde (1937-1949). Elu combattant de l’année 1938, 1939 et 1941. Voila en quelques lignes, l’œuvre pugilistique de Joe « Le bombardier brun » Lewis. Des chiffres éloquents qui ne résument pourtant pas le combat le plus important de la vie de Joe Louis : celui contre le racisme et la bêtise humaine.

 

 

Notre colosse (1m88, 92kilos), nait en 1914, dans l’Etat le plus raciste des Etats-Unis : l’Alabama… Il connait les « joies » d’être un noir dans une région blanche et prônant ouvertement l’apartheid. Fils de travailleurs ruraux encore appelés esclaves (« slaves »), il grandit dans la petite ville de Lafayette. Enfant noir et bègue (il ne parlera pas correctement avant l’âge de 8ans), il est portant moins victime de brimades que les autres noirs de son âge... Mais il faut dir que son physique est juste exceptionnel : à sa naissance, il pèse déjà près de 5 kilos !

 

A l’âge de 12ans, sa famille est terriblement secouée par les heurts violents de 1926, qui opposent communautés noires et groupuscules pro-aryens comme le Ku-Klux-Klan. Les Louis prennent peur et déménagent pour la ville la plus morose des USA au milieu des années 20 : Détroit. Ses fumées, ses usines, son travail à la chaine. 

 

La boxe pour s'en sortir :

 

Bienvenue au 2700 Catherine Street, en plein cœur du ghetto noir de la ville. Comme la majeure partie de la population afro-américaine, son frère et lui travaillent à la chaine dans l’usine Ford pour une poignée de dollars. Joe y travaille à mi temps et passe le majeur partie de son temps à l’école Bronson Vocational. Le reste ? Il écoute docilement sa mère le pousser à prendre des cours de violon...

 

Comme alternative numéro 1 pour sortir de cette misère qui point : les gangs. Pour échapper à leur influence néfaste, Joe décide alors de trainer au 637 Brewster Street. Une salle polyvalente qui tente d'aider les jeunes défavorisés. Leur moyen pour aider ces jeunes ? Le sport et la boxe.
La légende veut que, au moment de ses premiers entrainements à la salle, Joe cachait ses gants dans son étui à violon en prétextant de suivre des cours de solfège, à la plus grande joie de sa mère. Il commence alors à fréquenter de plus en plus les salles de boxe et entame, à l’âge de 17ans, une carrière (la plus brillante de l’histoire probablement) de boxeur amateur.
Louis débute par une défaite. Un echec pourtant plein de promesses face au futur champion olympique Johnny Miller.  Il enchaine ensuite un nombre impressionnant de victoires : 54 combats, 50 victoires dont 43 par Ko.

 

Roxborough : "Tu va mettre des blancs sur les fesses et ils te detesteront pour ca"

 

Seulement, comme souvent, sa couleur de peau va l’empêcher de connaitre les débuts qu’il aurait mérité à l’échelon professionnel.

 

Après avoir attiré l’attention de riches promoteurs blanc, un bookmaker noir du nom de John Roxborough convaint Louis de ne pas se laisser répresenter par un blanc. La raison est simple. Roxborogh explique à Louis : “Tu va mettre des blancs sur les fesses et ils te detesteront pour ca. Il n’ont aucun vértiable interet a te voir prétendre à un titre de champion.” Ces mots vont résonner dans la tête de Joe. Il décide, en 1934 de sauter le pas et de devenir boxeur professionnel avec comme manager Roxborough. Roxborough lui assigne alors un entraineur natif des quartier noirs de Chicago : Jack "Chappie" Blackburn.

 

Son premier combat est une victoire sportive : il met Jack Craken K.O dès la première reprise. D’un point de vue économique, le succès est moins glorieux : 59$... En cette année de 1934, il dispute 12 combats, qu’il gagne tous (dont 10 avant la limite). La ségrégation officieuse vacille sur ses fondations : un jeune noir qui met sur les fesses de blancs, en effet, ca ne plait pas beaucoup.

 

Joe Lewis : plus qu'un boxeur, un symbole 

 

En 1935, le véritable tournant de la vie de ce jeune boxeur s’annonce. Louis rencontre l’italien Primo Carnera. Et pour la première fois dans l’histoire de la boxe, il s'agit d'un combat autant sportif... que politique. Carnera est Italien. Mais il est avant tout “Mussoliniste”. Au yeux du monde, ce match est celui de l’Italie de Mussolinni contre un afro-américain.

 

Joe Lewis l’emporte de manière assez aisée en mettant l'Italien K.O au 6ème round. Cette victoire résonne dans la tete de tout les noirs des USA et même au dela. En pleine occupation de l’Ethiopie par L’Italie, au moment où la boxe mondiale tente d'oublier Jack Dempsey, et avec l’appui énorme de la presse à la recherche d’un nouveau héros à aduler ou détester,  nait alors la légende de celui qu’on appelera désormais le "Bombardier Brun".

 

Lewis a l’opportunité face à Max Bear de remporter le titre de champion du monde poids lourd. La presse est alors clairement en faveur de Bear. Bear ? Un genre de gorille blanc, le gendre idéal de l’amérique puritaine... Pourtant, Bear ne fait pas le poids. Il est défait par un noir “intellectuellement inférieur” (Washigton Post, Shirley Povich, Septembre 1935).

 

Ce que les gens ignorent alors, c’est que le matin du combat, Joe Louis s'est marié avec Marva Trotter et qu’il a, pour consommer son union avec son épouse, promis à cette dernière d’écouter le combat au maximum... La meme année il bat avant la limite Paolo Uzcudun jusqu’alors jamais mis au tapis. Il remporte 23 victoire consécutives et est considéré comme “indestructible”. Et surtout, sa couleur de peau n’est plus si importante.

 

Max Schmeling, le combat de toute une vie :

 

Suite aux très bons résultats de Lewis, il décide de défendre son titre face à un boxeur Allemand que tout le monde annonce sur le déclin : Max Schmeling. Cet allemand, âgé de 30 ans, a connu le bonheur d’être champion du monde quelques années auparavant, a combattu Sharkey à deux reprises mais est dépossédé de son titre en 1932.

 

Louis, très arrogant annonce un peu partout qu'il se consacre beaucoup au Golf. De l’autre coté Max affirme qu’il a beaucoup étudié Joe Louis et sa boxe et qu’il a décellé une faille dans la cuirasse de Louis. Peut-être vrai, peut-être pas...Mais alors que le combat se prépare comme les autres, Hitler s'empare du combat. Le Furher utilise l’image de son "poulain" pour en faire un véritable instrument de propagande nazi. Ce n'est plus d’un simple match de boxe : il s’agit de prouver aux yeux du monde l'évidente supériorité de l’homme blanc sur toute les autres « races ».

 

C’est dans ce contexte si particulier que le 19 juin 1936, dans la salle du Yankee Stadium de New York, va se dérouler le match de l’année. Max entame les premiers rounds avec vigueur et assène des enchainements de jab-crochet du droit qui secoue Joe. C’est une surprise : Louis semble incapable de réagir. Pire, au troisième round, il met un genou à terre. Stupeur dans la salle.

 

Au 12ème round la tendance se confirme : sur un direct au corps et un crochet au foie, Louis tombe. Il ne se relèvera pas. L’allemand triomphe et Louis redevient un noir comme un autre. Un éminent représentant de la communauté noire de Harlem de l’époque, Langston Hugues prononcera ces mots : « La nuit où la nouvelle du KO de Joe nous arriva, tout le monde pleurait ».  Joe Lewis parlera d’un éclairage trop fort l’ayant limité dans ses mouvements et ses coups, lui ayant toujours eu les yeux très fragiles. Un pretexte dont tout le monde se fout...

Outre Atlantique, Joseph Goebbels dira lui : « La victoire de Schmeling n’était pas qu’une question de sport. C’était une question de prestige pour notre race. ». Hitler ira même jusqu’à envoyer personnellement des fleurs à la femme de Max Schmeling, y joignant un message de félicitations.

 

Après un combat de transition contre le challenger n°1 James J. Braddock, Joe Louis annonce qu’il refusera de reconnaitre Schmeling comme champion du monde tant qu’il ne l’aura pas combattu une seconde fois dans un match revanche.

 

Après Schmeling, le retour au sommet ?  

 

 

 

En 1938, après « l’Anschluss », les campagnes de propagandes battent leur plein. D’un coté, les Allemands utilisent allégrement et contre sa volonté l’image et le nom de Schmeling. De l’autre, la propagande anti nazi américaine s’articule autour du sport... les J.O de Berlin et le triomphe de Jesse Owens notamment sont ainsi les armes les plus utilisés contre la propagande nazie articulés autour du culte du sport. 

 

Terrible pression pour Max Schmeling. Lui qui affirme depuis toujours son désamour total de la cause Hitlérienne est alors l’objet d'un nombre incalculable de lettres d’insultes, de menaces, de pressions sur son entourage et sa famille… 

 

Du côté de Louis, le tout nouveau challenger, : Roosevelt le reçoit à la Maison Blanche. Au cours de leur entretien, il le regarde droit dans les yeux et lui dit : « C’est avec des muscles comme les vôtres qu’il nous faudra battre les Allemands. ». Louis prends alors conscience (c’est ce qu’il affirmera dans sa bibliographie en 1975) que la nation compte sur lui seul. Il décide, contrairement au premier combat de proscrire le golf et les femmes de ses séances d’entrainement…

 

Le choc du Yankees Stadium... encore une fois !

 

Le 22 juin 1938, Louis fait son entrée dans le même stade des Yankees de NY. La stratégie est alors simple : il veut pilonner son adversaire et le faire plier dès les premières minutes du match. Louis se rue sur son adversaire et le frappe sans relâche. Le boxeur allemand s’écroule dans un râle bruyant au bout de seulement 1minute 30 de combat.

 

Le duel reprend et la pluie de coups redouble. Le pauvre Allemand et littéralement broyé et retourne au tapis deux fois encore. A la quatrième chute, le « corner man » du champion en titre jette son éponge. Immédiatement, les autorités Allemandes ordonnent à la centrale électrique de Berlin de stopper sur le champ la diffusion radio du combat pour ne pas écorner l’image écœurante de la supériorité blanche.

 

Le calvaire de Schmeling est fini, Joe redevient champion du monde. Les statistiques du combat son effrayantes : 41 coups portées au visage par Louis dont 31 qui ont touchés sévèrement contre 2 pour Schmeling. Schmeling est évacué à l’hôpital où il restera en soins 10 jours .

 

On découvrira plus tard que, durant le combat, Joe frappa avec une telle violence son adversaire qu'il brisa une vertèbre cervicale de l’allemand... Témoignage, s’il en faut, de la violence du combat qui opposa le symbole de l'ulcérante propagande nazie, à celui qui se construisit à travers une société ségrégationniste et qui fut le plus célèbre noir de l’Histoire de la boxe professionnelle, jusqu'à l'éclosion d'un certain Cassius Clay alias Muhamed Ali… 

 


L'entraînement de Joe Louis, boxeur de légende ! par Gentside Sport

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